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Les crises, sont-elles nécessaires pour changer de paradigme ?

(Temps de lecture : environ 9 min)

A l’heure où j’écris ce billet, le monde est en pleine crise sanitaire où un confinement de masse est imposé afin d’éviter la propagation du virus de COVID-19 dans le but de protéger les plus faibles.

(Avant de démarrer ce billet, je tiens à préciser qu’en aucun cas, je suis favorable à cette crise sanitaire qui provoque (et a provoqué) de nombreux décès. Toutes mes pensées et sincères condoléances vont aux victimes et à leurs familles).

Les effets sociétaux post-crise

En cette période de crise, je m’interroge sur les conséquences, sur l’après. Je pense aux éventuels changements des moeurs et d’imaginer si nous allons voir le monde différemment. A mon avis, c’est l’opportunité de revoir les choses et les améliorer.

Le télétravail imposé

Je pense notamment à notre manière de travailler. Des entreprises aux anciennes méthodes de management se sont faites imposer une nouvelle organisation de travail par l’état : le télétravail. Quasiment du jour au lendemain, des employés du tertiaire se sont mis à travailler depuis leur maison (parfois avec les moyens du bord) en vue de diminuer les contacts avec d’autres humains afin de ralentir la propagation du virus. Bien entendu, tout le monde ne peut pas télétravailler. Il existe certains avantages pour ceux qui peuvent ou ont été obligés de s’y mettre au télétravail.


Le télétravail présente des avantages :

  • Gagner du temps (un cumul important) en transport domicile/bureau
  • Gagner des heures de sommeil
  • Désengorger les routes aux heures de pointe
  • Réduire la pollution et les accidents potentiels à cause des déplacements domicile/ bureau
  • Pouvoir s’occuper d’un enfant, un malade, un animal domestique…
  • Créer son environment de travail personnalisé
  • Réduire ses frais de déjeuner le midi
  • Réduire ses frais de déplacement domicile/ bureau
  • Ne pas devoir partager un espace relativement clos avec des individus non désirés (en pleine crise Covid19, il y a l’aspect sanitaire à prendre en compte)
  • Réduire des coûts énergétiques et les loyers pour les entreprises.
  • L’aménagement de son amplitude horaire et son temps de travail
  • Ne pas avoir le sentiment d’être micro-managé

Mais aussi présente ses désavantages :

  • Le manque d’intéraction sociale (l’isolement probable)
  • L’impossibilité de faire des mini réunions improvisées pour avoir une info immédiate
  • Le manque d’entraide instantanée entre collègues
  • Le fait de pouvoir dissocier le travail (au bureau) et la vie privée (à la maison)
  • Le phubbing envers la famille (notamment les enfants)
  • Les éventuels dérangements/ distractions du quotidien à domicile empêchant de travailler convenablement.
  • L’obligation d’avoir un espace de travail, un bureau et l’équipement adéquat pour télétravailler.

Pour mieux imaginer, prenons un exemple sous forme de persona.

Je vous présente Valérie…

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Prenons le cas de Valérie, 40 ans, mariée, 2 enfants, qui de part son salaire relativement modeste, vit loin de son lieu de travail : plus de 3/4 d’heure de trajet par aller. Elle travaille dans un bureau sur un ordinateur à gérer des factures comptables qui sont 100% numériques. Son patron râle quand elle n’arrive pas à 8h du matin pile (elle se dit que son patron frôle l’harcèlement parfois). Elle n’a rien en commun avec ses collègues à part la moquette du bureau sur laquelle ils marchent. Elle doit déposer ses enfants à 6H45 en garderie. Ses enfants manquent souvent de sommeil. Elle en a mauvaise conscience. La route l’épuise, et peut être dangereuse surtout en hiver (quand il fait nuit).

On pourrait croire que son quotidien ne soit pas vraiment joyeux, mais si on donnait le choix à Valérie de faire du télétravail, il y a de fortes chances qu’elle dise NON ! Enfin… peut-être…


Une remise en question culturelle

Sans parler de la remise en question des coutumes culturelles, ne serait-ce que pour se saluer (va-t-on toujours se faire la bise ou se serrer la main après le COVID19 ?), cette crise peut remettre en question la manière dont on travaille. Bien entendu, dans notre ère d’hyper connectivité, le télétravail n’est pas nouveau, mais énormément d’entreprises ne le pratiquaient pas jusqu’à maintenant. Mais pourquoi ?

Culturellement, le travail tertiaire a longuement été valorisé par un temps passé en présentiel vs un résultat fourni. Cette perception date depuis l’époque de la révolution industrielle où la présence même d’un ouvrier sous entendait que ce dernier travaillait. S’il travaillait, il générait du rendement et le rendement était synonyme de profits pour son employeur.

The Rise of the Machines: Pros and Cons of the Industrial ...

Il semblerait qu’un des “problèmes” (un autre majeur est lié à la législation et le CHSCT en terme de conditions pour travailler à domicile) qui explique pourquoi les employeurs sont toujours attachés à cette culture est en parti à cause du système éducatif qui a été conçu pour créer des employés prêts et formatés pour travailler à l’usine.


Ce système éducatif est sensiblement encore en place.

Un enfant :

  • Doit arriver à l’heure, faire la queue dans la cour, obéir au sifflet,
  • Se faire réprimander s’il ne sait pas ou s’il n’a pas fait.
  • Manger à l’heure le midi, retravailler X heures l’après-midi,
  • Même fatigué, doit retravailler pour faire ses devoirs à la maison (chose pour laquelle je suis férocement contre – que j’expliquerai dans un autre blog).
  • Craindre l’autorité, craindre l’enseignant
  • Et surtout doit rentrer dans une sorte de moule “one size fits all” qui sert un enfant type.

Dès la plus jeune enfance, l’on l’habitue à ce format et cela depuis maintenant plus d’un siècle.

Don't Give My Kid an Award in School - Pacific Standard

En plus (à mon avis) de brider la créativité d’un enfant et son sens de résolution de problèmes, ce mode a été transmis de génération en génération au point où il est devenu normal de travailler ainsi : c’est ancré dans les moeurs. (Bien entendu, je pense que l’école possède ses bénéfices pour un enfant d’un point de vue académique en terme d’apprentissage – mais peut être optimisée à mon avis).


Si Valérie panique, culpabilise, se perd dans ses repères, c’est grandement lié à cette raison à mon avis.

Toutefois, afin de poursuivre leur activité, beaucoup d’entreprises ont instauré ce système, obligeant Valérie et les autres à s’adapter.


Nouveau paradigme de travail après la crise ?

Ne pourrait-on pas trouver un équilibre associant les avantages de télétravail (ou télé-éducation) et en remédiant aux désavantages ? Pourrait-on être “worker-centric” en focusant sur le bien-être des employés

Est-ce le moment de se pencher sur les alternatives de contact humain (en dehors des visios communément employées aujourd’hui) de type réalité virtuelle ? Ou la “mixed-reality” de type Hololens ?

A mon avis, le Hololens 2 de MS est la techno la plus avancée en terme d’interactions sociales en VR/AR – imaginez une classe d’élèves ?

La crise, un accélérateur de changement

Pour les anglophones, j’ai trouvé un excellent article de la BBC qui pose la question : Et si cette crise avait lieu en 2005, avant Facebook, whatsapp, et tous les outils que l’on connait et apprécie aujourd’hui ?

Heureusement que ces outils existent ! Et les réfractaires sont désormais obligés de s’y plier ce qui va mécaniquement augmenter le taux d’adoption puis donner lieu à la suite technologique : la réalité augmentée.

La conscience collective

Que Valérie le veuille ou non, son employeur l’a obligée à télétravailler. Donc avec ce télétravail imposé, la question que je me pose c’est : Est-ce que tout cela est inconsciemment voulu ?

Et si Valérie en avait inconsciemment ras-le-bol ? Et si mondialement, on savait malgré nous que l’on peut optimiser les conditions de travail (bien entendu, tout est relatif en fonction du métier) ? Ou que malgré nous, l’on sait que l’on peut mieux faire en terme de communications ou d’interactions humaines ? Que les idées sont là, les avancées sociétales sont prêtes, que la technologie existe ou qu’il suffit de la développer…

Bien entendu, la crise sanitaire n’a pas été souhaitée (et encore moins les victimes), mais parfois, je me demande si cette crise sera une sorte “d’accélérateur sociétal” malgré elle.

Que l’on croit ou non dans la conscience collective, il y aura fatalement un nouvel ère “après-crise”. J’espère juste que les employeurs réfractaires au changement ne se disent pas collectivement qu’il faut revenir aux anciennes méthodes et qu’au contraire, ils saisissent cette opportunité pour faire un bilan en terme de résultats, de productivité et du bien-être de leurs employés.

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  • Damian Hazlewood

    Insatiablement curieux

    Passionné d'UX, de design de produit (notamment numérique mais pas que... glace8.com), de marketing/ comm, de nouvelles technologies, d'innovation, de comportementalisme, de psychologie, de neuroscience, de tout-ce-qui-geek, de concepts fous, de comédies US/UK (movies + standup), de films/ séries (+ scénarios), de musique, de créativité, et de fooding...

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